vendredi 12 février 2010

Opinions

Voici celles de deux amies qui travaillent de longue date en Haïti, un malheur ne venant jamais seul (on a déja eu Arno Klarsfeld, voila donc machin qui débarque...)

"Oui tout cela est bien triste encore plus quand on voit ce qui se passe ici depuis un mois, tout le monde au chevet d'Ayti, experts de tous bord !!! de tous les pays, chacun faisant son étude, ayant sa solution et préparant un avenir sans les haitiens !! Bref, tout est à recommencer , en sachant que la mise sous tutelle est proche !!
Aujourd 'hui, les habitants avec et sans toit de Port-au-prince sont dans la rue, chantent, prient !!! se défoulent aussi, avec leur dignité extraordinaire !

Le fou arrive mardi, premier président francais depuis 1804 !!! Oh secours, je pleure de rage !"

" Car je ne pense pas que le gouvernement ou meme les haitiens seuls ne peuvent ni proposer un plan de reconstruction ni gerer les pluies de millions de dollars qui devraient tomber.
De plus, quand j'entends Cecile et les autres "ONG" du cote de l'aide internationale (au sens large) c'est vraiment pas brillant, bien souvent totalement decale et vecteur de destabilisation de la societe haitienne.
Quant aux pays amis d'Haiti (pour ne pas dire la France), ben on se sait pas trop, mais ils semblent qu'effectivement personne ne veuille prendre le lead.
Bref.... quelque soit l'angle de vision, la reconstruction reste tres virtuelle et trouble pour le moment.

L'aide a outrance detruit l'economie locale. Les distributions alimentaires, outre le fait qu'elles soient super mal organisees, localisees, etc... n'ont a notre avis plus raison d'etre apres un mois, car on trouve a peu pres de tout, mais les marchandes ne vendent pas (puisque tout est gratuit). Donc ces marchandes fieres et travailleuses sont ou seront elles aussi contraintes de mendier l'aide aux peuples amis. Meme constat pour l'industrie pharmaceutique locale qui a beaucoup contribue au debut et qu'on ecarte totalement aujourd'hui... Meme constat pour la majorite du secteur prive et informel qui, apres le drame, se prend plusieurs "side effects"...
Or de quoi ont besoins les gens? D'argent, de travailler pour pouvoir se reconstruire et esperer un quelque chose pour demain et non pas de dependre de la distribution du jour.
On avait deja une mauvaise habitude, attitude d'assistés mais la.... c'est comme si on confortait les bases pour que ce pays reste encore plus scelle dans l'assistanat et dependance du bon vouloir de l'international.

Que l'international se concentre sur la construction de logements semi-provisoires pour retirer ces gens dans les rues, les places publiques, pour qu'ils aient acces a un minimum de confort et de service et pour que la ville retrouve un semblant de quelque chose "d'autre". Les Haitiens feront le reste, ils se releveront, ils l'ont deja montre, mais ils doivent avoir un toit pour pouvoir penser a autre chose que la nuit a passer dans ces trucs immondes et a "barrer" la pluie...
Car tout ce monde dans les rues... ca ne peut pas durer.
D'autres phenomenes se developpent, comme les distributions ne se font quasi exclusivement que dans les camps, beaucoup, meme s'ils ne sont pas ou peu sinistres, decident de s'installer dans les camps. Certains louent meme leur kay pour vivre dans les camps!
Toute construction est censee etre interdite, on me dit qu'on recommence a construire avec un peu plus de fer et de beton peut etre, mais toujours trop fragile et anarchique. Il nous faut un vrai plan d'urbanisme.

Moi j'etais plutot contente d'entendre parler d'un plan "a la" Marshall pour Haiti, le plan que tu decris me parait bcp moins attrayant.
Haiti, que ce soit gouvernement, societe civile, religieux, prives, whatever...) doit etre un des acteurs principaux de la reconstruction, mais il nous faut des ressources professionnelles et un controle serre des choix et de la gestion, car la corruption et la mediocrite restent bien ancrees dans cette societe.
Quanr au charlots de Naboleon (connaissait pas ce sobriquet, j'aime:-) ne pourront, au mieux, rien pour Haiti."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire